Les Cammazes

tarn (81)

Voûte de Vauban


« Envoyé par le roi, en 1686, pour faire une nouvelle inspection du canal, le maréchal de Vauban trouva les ouvrages si beaux qu'il eût préféré, disait-il,.la gloire d'en être l'auteur, à tout ce qu'il avait fait ou pourrait faire à l'avenir. Ce célèbre ingénieur, convaincu de la nécessité de conduire les eaux de la montagne au bassin de Saint-Ferréol, ordonna l'exécution du projet primitif que Riquet en avait conçu, fit construire une rigole depuis Conquet jusqu'aux Cammazes, et percer la montagne de ce lieu sur 120 toises de longueur. » Claude-Joseph Trouvé, Essai historique sur les états-généraux, Du canal de communication des deux mers, 1818.


« En quittant le bassin de Saint-Ferriol, on vient rejoindre la route de Revel à Carcassonne, qui suit les contours du réservoir du côté opposé à la rigole de ceinture, et remonte le vallon du Laudot jusques au village des Cammazes, situé sur un des points les plus élevés de cette partie de la Montagne Noire. Cette route traverse des sites très-pittoresques : la montagne est couverte de bois dont l'uniformité est variée de temps en temps par l'aspect de plusieurs vallées ornées d'une belle verdure. Près du village des Cammazes on trouve l'extrémité inférieure de la rigole de la montagne qui, venant de Lampy et d'Alzau, passe sous une voûte de 123 mètres de longueur, et, par une chute de 8 mètres placée au delà de cette voûte, verse ses eaux dans le vallon du Laudot, aux premières sources de ce ruisseau. Tout ce pays est extrêmement pittoresque et varié : on suit ensuite, le long de la rigole, un chemin nouvellement tracé, et qui présente bien plutôt l'aspect d'une promenade dans un parc bien soigné , que celle d'une communication ouverte dans un pays des plus sauvages. Ce chemin, que deux voitures peuvent aisément parcourir de front sur beaucoup de points, offre une succession de vues alternativement sévères et riantes; la chaleur y est tempérée par l'ombre de beaux arbres qui garantissent de l'action du soleil, et le calme de ces contrées n'est troublé que par le murmure des eaux limpides de la rigole, qui, dans leur course rapide, semblent pressées d'aller accomplir leur utile et bienfaisante destinée. » Guide du voyageur sur le Canal du Midi et ses embranchements, par M. le comte G. de C***, 1836


« Du réservoir de Saint-Ferréol aux Cammazes, la distance est de 7987 mètres. Pour s'y rendre, on prend, à l'extrémité de ce vaste et beau lac artificiel, la route de Revel à Carcassonne ; puis, après avoir laissé à gauche celle de Sorèze, on remonte le vallon du Laudot à une certaine distance de ce ruisseau qui, jusqu'aux Cammazes, coule dans son lit naturel. C'est seulement près du village que commencent les travaux d'art de la rigole de la montagne. L'eau de cette rigole vient en effet tomber, en faisant une chute de 8m,118, dans la source même du Laudot, à l'extrémité, d'un tunnel long de 122 mètres (la percée en a 233) qu'il a fallu creuser sous une partie du village, et qui est garni d'une double banquette que l'on peut suivre pour le traverser. L'architecture des têtes de la voûte rappelle celle de la porte Saint-Martin, car elle date de la même époque ; la tête d'aval avait été dans le principe décorée de l'emblème du soleil, avee la devise de Louis XIV : Nec pluribus impar. Cet emblème fut détruit pendant la Révolution. » Adolphe Joanne, De Bordeaux à Toulouse, 1862.


« Après avoir tourné le bassin par la chaussée et sa rive méridionale, je repris la route départementale qui remonte le Laudot en le côtoyant. Ce ruisseau, grossi des eaux de la rigole de la montagne, offre un cours pittoresque, au milieu d'encaissements de rochers, de prairies évasées, et d'arbres magnifiques. Tout son cours n'est qu'une longue cascade où les eaux blanchissantes d'écume se dessinent h travers les rocs et la végétation. Ce gracieux spectacle n'abandonne pas le voyageur jusqu'aux Cammazes. Ce village occupe, comme nous l'avons dit, un col de la montagne entre la source du Laudot et le ravin du Sor. La rigole qui vient d'Alzau et de Lampi passe sous le village pour rejoindre le Laudot. Je descendis aussitôt sur ses bords qui sont ornés comme un parc. Le sol schisteux et friable, qui donnait lieu à des infiltrations et ne pouvait contenir les eaux , a nécessité la création d'un lit bétonné dans le fond et sur les parois, ayant deux mètres de largeur et un de profondeur. L'eau, sur cette surface unie, coule rapide, limpide et silencieuse. Les francs-bords que possède la compagnie, larges de quinze à vingt mètres de chaque côté, sont plantés de hêtres, et une allée sablée suit partout l'un des bords de ce joli canal. Le passage par cette allée est ouvert aux piétons ; mais les chevaux et les voitures n'y peuvent circuler qu'en vertu de la permission d'un ingénieur de la compagnie; cette allée est surtout consacrée au service d'entretien de la rigole En remontant des Cammazes, la rigole que je suis à revers de son cours, s'élève vers les crêtes de la paroi du bassin du Sor. Celui-ci coule à une grande profondeur, à ma gauche, au milieu des rocs et des bois, qui souvent le dérobent à ma vue. Des Cammazes au Conquet, la promenade est ravissante par le contraste que forment ces eaux et ces allées si bien entretenues, avec l'aspect sauvage des gorges profondes du Sor. » Promenade aux Rigoles du Canal du Midi, 1868.